1054 : schisme entre l’Eglise catholique romaine à l’Ouest et l’Eglise orthodoxe à l’Est.
I. La chute de Byzance
Après que Constantinople se fût affranchie du pouvoir des Latins, de nombreux dirigeants occidentaux réclamèrent une nouvelle offensive pour assujettir la ville. Les empereurs byzantins durent peser de tout leur poids sur l’Ouest, en particulier sur le pape de l’époque, pour faire échec à cette ambition. Entre temps les autorités byzantines, qui avaient grand besoin de l’appui militaire des Occidentaux pour résister aux Turcs ottomans, durent manœuvrer avec une grande diplomatie. L’empereur byzantin Jean V (1354-1391) fit appel au pape en 1355 lorsque les Ottomans s’apprêtèrent à envahir les Balkans. Les papes avaient à cœur le christianisme en Orient, mais se montrèrent réticents à intervenir du fait du schisme entre les deux Eglises.En 1371, les Ottomans vainquirent les Serbes près d’Andrinople. La Serbie, la Bulgarie et finalement Byzance durent capituler et devinrent des états vassaux de l’empire ottoman. Les tentatives de révolte contre les Ottomans aboutirent à la prise et au sac de Constantinople en 1453. L’empire byzantin disparaît de l’histoire.
II. Le monde occidental (1270 – 1454)
En moins de deux siècles, l’Occident enfante l’Europe moderne dans la douleur provoquée par le malheur des temps : famines ; peste noire de 1348 à 1351 et ses récurrences ; conflits internationaux opposant France et Angleterre, Gênes et Venise, Byzance et Turcs ; guerres civiles de caractère dynastique en Castille et social en France et en Angleterre, religieux en Bohème ; invasion ultime des peuples de la steppe aux confins orientaux du continent à l’extrême fin du XIVème siècle… Les puissances traditionnelles s’effacent : Saint Empire et papauté en Allemagne et en Italie, devant la montée des villes ; d’autres disparaissent : Empire byzantin au lendemain de la prise de Constantinople par les Turcs en 1453.A cette date, une Europe nouvelle est née. A l’ouest, l’Angleterre, quoique vaincue, et la France, victorieuse à Castillon, sortent renforcés de la guerre de Cent Ans. Au sud, l’Espagne en marche vers l’unité, maîtrise, grâce à l’Aragon, le bassin occidental de la Méditerranée face à l’Empire ottoman qui domine son bassin oriental. A l’est, héritière de la tradition byzantine et de la foi orthodoxe, la Russie moscovite émerge de la nébuleuse slave. Au nord, les pays scandinaves se regroupent. Enfin, au cœur instable de l’Europe, Valois-Bourgogne et Habsbourg jettent les bases de la puissance autrichienne.
Les protagonistes de l’Europe nouvelle sont en place. Reste à établir entre eux un équilibre des forces que Venise, Florence et Milan instaurent dès 1454 en Italie du Nord, par la paix de Lodi.
III. L’empire de Charles Quint
L’histoire de Charles Quint ne ressemble à aucune autre. D’abord, son empire fut le premier à s’étendre sur l’Ancien et le Nouveau Monde. Ensuite, il le devait à trois héritages : des Habsbourg (Etats héréditaires), du Téméraire (Artois, Flandre, Brabant, Luxembourg, Franche-Comté), de sa mère (Espagne, Sardaigne, Deux-Siciles et plus tard l’Amérique).
Elu empereur en 1519, il rêva d’unifier les 400 Etats allemands et de rogner les « libertés germaniques ». Menaçant pour les princes allemands, il l’était plus encore pour la France, qui faisait obstacle à la réunion de ses deux morceaux d’Europe. Il mena donc contre François Ier et Henri II une guerre qui devint générale quand la France s’allia aux Ottomans et aux protestants et quand l’Angleterre, soucieuse d’équilibre européen, évolua d’un camp à l’autre. François Ier, battu et fait prisonnier à Pavie, fut sauvé par la victoire de Soliman à Mohacs. La défaite écrasante des protestants allemands à Mühlberg fut de même effacée par l’entrée des Turcs à Buda, par la perte des Trois-Évêchés et par un désastre devant Alger. Découragé, Charles Quint accepta que l’Empire restât électif, accorda, à Augsbourg, la liberté du culte aux protestants. Puis il partagea l’Empire et entra au monastère.
3ème partie : histoire de l’Allemagne depuis le XVIIIe siècle
I. Les Allemagnes à la fin du XVIIIe siècle
Réduit, depuis l’élection de Rodolphe de Habsbourg en 1273, au seul royaume de Germanie, pulvérisé en une multitude d’Etats princiers (plus de 400) et urbains, le Saint Empire n’est plus, au XVIIIe siècle, qu’une institution prestigieuse dénuée de contenu réel. La Diète (Reichstag) n’est qu’un théâtre d’ombres ou électeurs (neuf), princes et villes s’affrontent en trois collèges rivaux soumis à l’impossible règle de l’unanimité. Tout les oppose : le statut juridique, la condition sociale et économique (nobles ou bourgeois, laïcs ou clercs), la religion (catholicisme, luthéranisme, calvinisme), les intérêts politiques (les trois plus puissants électeurs : le Habsbourg de Bohème et d’Autriche, le Hohenzollern du Brandebourg, le Welf du Hanovre, sont respectivement rois en Hongrie, en Prusse et en Grande-Bretagne, c’est-à-dire en dehors du Saint Empire). Ainsi l’anarchie et le particularisme local s’aggravent dans les Allemagnes, au sein desquelles l’Aufklärung favorise pourtant la naissance du despotisme éclairé et celle du sentiment national allemand. Adhérant au premier, s’efforçant de capter le second, Habsbourg et Hohenzollern engagent alors pour la Silésie un long combat, dont l’enjeu final est, en fait, la réunification des Allemagnes au profit de l’une de ces deux maisons. Mais il n’est définitivement atteint qu’en 1871.
II. La Confédération du Rhin (1806-1813)
Dès 1803, Napoléon a entrepris la vassalisation de l’Allemagne ; la défaite de l’Autriche en 1805 lui permet de remplacer le Saint Empire par une Confédération du Rhin de 16 Etats, dont il est le « Protecteur » ; après la défaite de la Prusse en 1806, cette Confédération s’élargit à toute l’Allemagne (Prusse exceptée). Mais, économiquement lésée par la perte de ses débouchés maritimes (annexés à l’Empire français) et minée par le nationalisme allemand orienté vers la Prusse, la Confédération se désagrège après la défaite de Leipzig en 1813.
III. La Confédération germanique (1815-1866)
Le Congrès de Vienne organise les Etats d’Europe centrale en une Confédération germanique qui remplace le Saint Empire. Cette association, citadelle du particularisme, défend surtout les intérêts des Habsbourg et ceux des petits Etats. Malgré la tentative d’union économique (Zollverein, 1834), la Confédération est vite anachronique. Le réveil des idées nationales en 1848, puis la politique unitaire prussienne ruinent la Confédération, dont l’Autriche, vaincue, se retire en 1866.
IV. L’unité allemande
Commencée dès 1834 au plan économique par une union douanière (Zollverein) qui renforce la primauté de la Prusse en Allemagne du Nord, l’unification politique de l’Allemagne passe désormais par l’élimination de l’Autriche. Fort de l’appui de la bourgeoisie rhénane, des milieux nationalistes et même des libéraux, gagnés par un projet de réorganisation de la Diète, Bismarck rompt avec l’Autriche en 1866 ; l’armée prussienne, modernisée et « rodée » par la guerre des Duchés, bat rapidement les alliés de l’Autriche à Langensalza et défait celle-ci à Sadowa. Mais, soucieux de se concilier l’Empire, Bismarck limite ses ambitions à l’exclure de la nouvelle Allemagne, en constituant autour de la Prusse agrandie, une Confédération de l’Allemagne du Nord dont le roi de Prusse est le président. Reste, pour achever l’unité, à rallier les Etats du Sud : la maladresse de la diplomatie française (qui a réclamé, en échange de sa neutralité en 1866, des compensations en Allemagne) en offre l’occasion ; permettant l’annexion de l’Alsace-Lorraine, qui devient « terre d’Empire », c’est-à-dire la propriété commune des Etats allemands, la guerre de 1870 cimente l’unité, qui est concrétisée par la proclamation de l’Empire allemand, dont la structure fédérale ménage le particularisme du Sud.